Sylvain Savolainen

Reporter / Photographe

Ethiopie

Afars, nomades guetteurs d’horizons

Habitants des régions les plus chaudes et les plus arides du globe, dans la Corne est-africaine, les Afars se partagent entre trois pays: l’Ethiopie, la République de Djibouti et l’Erythrée.

Le territoire désertique ou semi-désertique qu’ils occupent au nombre de 2 ou 3 millions forme un triangle s’étendant sur 150 000 mètres carrés entre Awash, en Ethiopie, la péninsule de Bori, en Erythrée, et Obock, à Djibouti. Dans les trois pays, les Afars ont conservé une "unité nationale": même langue, alphabétisée depuis seulement une vingtaine d’années, mêmes traditions, même organisation sociale.

Leur mode de vie comme les circonstances politiques ont fait des Afars un peuple marginalisé. La guerre qui a éclaté en 1991 à Djibouti, l’ancien "Territoire des Afars et des Issas", entre les deux ethnies a conduit à l’expatriation d’environ 30 000 Afars de Djibouti vers l’Ethiopie et environ 5 000 vers l’Erythrée, fuyant les uns comme les autres les persécutions de l’armée djiboutienne, aux mains des Issas. 80 000 autres Afars ont été déplacés à l’intérieur du territoire djiboutien. En Erythrée et en Ethiopie, ils vivent dans des conditions sanitaires et sociales plus que précaires, le statut des réfugiés n’étant en général même pas reconnu.

Peuple de pasteurs semi-nomades, les Afars, ou Danakils, suscitent à la fois attrait, par leur mystère et leur beauté physique, et crainte à cause de leur réputation de guerriers cruels. Toutes sortes de légendes et de fantasmes ont couru et courent encore les décrivant comme des tueurs impitoyables. L’origine incertaine des Afars entretient encore le mystère. On les rapproche souvent cependant des Egyptiens de l’Antiquité, pour plusieurs raisons. Descendant ou non de cette lointaine civilisation, la plupart des Afars d’aujourd’hui ont toujours un mode de vie traditionnel. Certains sont certes devenus citadins, peuplant les villes de Tadjoura, Obock, Awash, Assaïta, considérant déjà cette dernière comme leur capitale. Le cheptel reste leur principale richesse. L’aridité du climat oblige les Afars et leur bétail –dromadaires, chèvres, moutons, vaches– à de longues transhumances à travers le désert.

Les Danakils se sont également fait une spécialité et une exclusivité de la récolte du sel, toujours en plein désert principalement au bord du lac Assal, en République de Djibouti. La tâche, pénible, consiste à ramasser à l’aide de pioches puis à mains nues le sel aggloméré en banquise compacte. Afin de ne pas ajouter à sa brûlure celle du soleil, on effectue cette récolte tôt le matin ou en fin de journée. Le sel récolté est ensuite acheminé par caravanes dans toute la Corne africaine.

Beaucoup d’Afars aspirent aujourd’hui à une vie davantage calquée sur le mode sédentaire, souhaitant améliorer aussi bien leurs conditions de vie matérielles que leur niveau d’éducation. Certains se prennent même à rêver d’une unité nationale.