Sylvain Savolainen

Reporter / Photographe

Relâché du monde libre

Sami El Haj, le caméraman d’Al Jazira relate six ans d’enfer passés à Guantanamo

Le 1er mai 2008, Sami El Haj, caméraman soudanais de la chaîne Al Jazira était libéré. Pendant plus de six ans, Sami El Haj a été détenu et torturé dans le camp militaire américain de Guantanamo Bay. Capturé dans le cadre de son travail, de décembre 2001 au mois de mai 2008, le journaliste a été illégalement détenu par l’armée américaine comme «ennemi combattant», d’abord en Afghanistan puis à Cuba.
Photo - Sami El Haj - 24

Sami El Haj était le seul journaliste incarcéré à Guantanamo. Il témoigne du chantage exercé par les forces américaines -subi sous la torture- qui lui ont demandé d’espionner la chaîne Al Jazira. Après des années de détention arbitraire et de traitements inhumains, Sami El Haj vient d’être relâché sans qu’aucun procès ne lui ait été fait. Le Pentagone n’a pas commenté sa libération.

Parallèlement, le 12 juin 2008, la Cour suprême des Etats-Unis vient de reconnaître le droit des détenus de Guantanamo à contester la légalité de leur détention devant les tribunaux américains en vertu de la législation d'habeas corpus.

Sami El Haj marche aujourd’hui avec une canne; séquelles du traitement qu’il a subi lors de sa détention. L’élocution saccadée, le regard empreint de lumière -celle de l’aube dont la nuit ne s’est pas encore complètement effacée-, il raconte son calvaire et la cause qu’il a désormais adoptée: la défense des droits de l’homme.

Le reportage proposé s’articule autour de deux éclairages: Après six ans et demi de détention, Sami El Haj rend compte, de l’intérieur, de la situation vécue par les prisonniers incarcérés à Guantanamo Bay et des dérives de la «guerre contre le terrorisme». Il relate le chantage exercé par les troupes américaines pour qu’il espionne la chaîne Al Jazira. Le journaliste raconte sa grève de la faim et comment ses geôliers ont cassé cette dernière. Peu de temps après sa libération, Sami El Haj s’est rendu quelques jours à Genève afin de rencontrer notamment le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, des diplomates, les ONG Human Rights Watch et Amnesty International. Enfin, il fait part de son nouvel engagement: le respect des droits de l'homme en toute circonstance.

Parallèlement, Joanne Mariner, directrice du programme terrorisme et contre-terrorisme de l’ONG Human Rights Watch, et Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch, commentent, analysent et mettent en perspective la «guerre contre le terrorisme» et la situation des droits de l’homme dans ce contexte. Une question terriblement d’actualité, puisque s’il reste 270 détenus à Guantanamo, en 2007 et selon Amnesty International, 70'000 prisonniers étaient détenus hors sol américain par les Etats-Unis, dont bon nombre dans des prisons secrètes ou sur des bateaux; ce que le Pentagone a lui-même reconnu.